Ce
texte (accompagné de schémas) est disponible sous la forme d'un tract
téléchargeable ici :
(format pdf - 2 pages - 220 ko).
L’organisation de la société actuelle s’illustre par le
schéma classique de la pyramide… Le sommet, détenteur de l’autorité
(conséquence de la délégation de pouvoir voulue par le système électoral),
impose ses décisions à la base par l’intermédiaire d’échelons successifs
d’agents exécutifs dont le pouvoir diminue au fur et à mesure qu’ils se
rapprochent de la base. [cf. l’illustration sur le tract au format pdf :
schéma de la pyramide étatique]
Contrairement à cette organisation hiérarchisée, une
société autogérée et fédéraliste peut se schématiser sous la forme d’un cercle…
La périphérie représente l’ensemble des membres et des cellules sociales ; le
centre représente les organismes d’administration et de coordination.
Les décisions sont prises à la périphérie et se
répercutent au centre où elles s’harmonisent et se coordonnent, puis reviennent
à la périphérie pour se réaliser. Chaque cellule sociale forme un cercle ayant
sa périphérie et son centre. Tous ces cercles sont unis par des liens
fédératifs. [cf. les illustrations sur le tract au format pdf : schéma des
cercles fédératifs + schéma de la double organisation fédérale]
On nous demande parfois comment et par quoi nous
remplacerions le système actuel si nous en avions la possibilité. Voici
quelques éléments de réponse…
- Comment ? La CNT ne soutient aucun parti politique et
ne place aucun espoir dans la voie électorale. Elle défend un processus de
transformation révolutionnaire fondé sur l’autonomie du mouvement social.
Celui-ci, aujourd’hui véritable contre-pouvoir potentiel, pourrait demain –
s’il prenait conscience des ses capacités – se substituer aux autorités
capitalistes et étatiques (à la faveur d’une grève générale
inter-professionnelle par exemple).
- Par quoi ? Pas question pour la CNT d’élaborer un
projet de société « clés en main » ! Profondément autogestionnaires, nous
pensons en effet que c’est à ceux et celles qui seront directement confrontés à
un processus révolutionnaire de s’atteler à cette tâche. Elaborer un tel
programme serait d’ailleurs complètement illusoire compte-tenu du fait que le
monde évolue sans cesse (dans ces conditions, un programme bien ficelé risque
de devenir obsolète ou, pire, de se transformer en dogme indépassable). Ceci
étant dit, sans tomber dans les travers énoncés ci-dessus, il n’est pas inutile
– dans le contexte actuel – d’avoir une idée générale de cet autre futur auquel
nous aspirons…
* Une démocratie directe et fédéraliste
Pour la CNT, la commune (ou groupement de communes) –
cellule de base de la vie sociale – s’administre librement en dehors de toute
tutelle étatique. Regroupant tous les individus, unités de production et
associations d’une ou plusieurs localités déterminées, fédérée sur le plan
départemental, régional et national, la commune prend en charge, par la
création d’organismes spécialisés, l’économie locale et les services publics
(consommation, habitat, santé, etc…).
Son fonctionnement, quartier par quartier, repose sur la
gestion directe
: assemblées générales par unités de voisinage,
définition précise des mandats, envoi de délégués révocables à tout moment au
plénum communal, réunion de celui-ci en séance publique et retransmission en
direct des délibérations sur radio ou télévision locales, etc. Un tel
fonctionnement écarte de cette manière les notables qui, aujourd’hui,
monopolisent l’administration de la cité.
Quant au gouvernement, il est remplacé par une structure
de coordination composée de délégués issus de la fédération des communes et de
délégués issus de la fédération des lieux de travail.
* Des lieux de travail autogérés
L’exploitation agricole, l’usine et le bureau sont gérés
par tous ceux qui y travaillent. Les délégués, mandatés avec précision en
assemblée générale et réunis en conseil, sont chargés de coordonner la
production.
Ils sont révocables à tout moment et leur tâche ne
s’accompagne d’aucun avantage particulier. Il va de soi que ces délégués ne
peuvent se fixer à un poste de responsabilité plus d’un certain temps. La
formation continue permet de lutter contre la parcellisation des tâches et fait
en sorte que certains savoirs professionnels ne se transforment pas en
instruments de domination politique. La hiérarchie des fonctions et des
salaires est abolie, laissant ainsi place à une véritable égalité économique et
sociale. Quant à la durée du temps de travail, elle est considérablement
réduite, compte tenu de la suppression des tâches reconnues socialement
inutiles, de la réorganisation des forces productives et de l’utilisation nouvelle
des technologies de pointe.
Afin d’éviter tout repli sur soi, les conseils
d’entreprise sont rattachés inter-professionnellement (mais aussi par secteur
d’activités pour les questions techniques) à une fédération locale, régionale
et nationale, d’où pour toute décision un mouvement de va et vient entre les
structures de base et les organismes de coordination. Cette fédération qui
s’appuie sur le travailleur (unité économique) constitue avec la fédération des
communes, fondée sur l’individu (unité politique), une organisation sociétaire
duale liée à différents niveaux par une structure commune de coordination.
* Une économie égalitaire et distributive
C’est aux conseils d’économie liés aux communes, ainsi
qu’aux coopératives de consommateurs et à leurs fédérations, que revient le
rôle de planifier la production en fonction des données démographiques et des
besoins exprimés par la population. L’économie est ainsi fondée sur la
satisfaction des besoins de tous, non sur les profits.
Contrairement au mécanisme actuel, c’est la consommation
qui oriente la production.
En ce qui concerne les échanges destinés à obtenir les
produits nécessaires pour couvrir les nécessités de tous, plusieurs solutions
sont possibles pour passer d’une économie marchande à une économie
distributive. Outre la gratuité totale des services de première nécessité
(transports en commun, médecine, etc.), le compte de chaque individu peut être
crédité automatiquement, tous les ans par exemple, d’une somme répartie
égalitairement et calculée en fonction de la richesse collective du moment.
Pour éviter toute thésaurisation excessive, la monnaie utilisée à cet effet
peut être une « monnaie fondante », c’est à dire une monnaie informatique se
dévaluant progressivement en fonction du rythme général de l’économie, jusqu’à
s’annuler au bout d’une certaine période.
Les phénomènes de spéculation peuvent également être
supprimés à l’échelon industriel par une plus grande transparence des
mécanismes financiers et par la création éventuelle d’un circuit monétaire
spécifique réservé à l’achat des biens de production effectué par les
entreprises. Enfin, une décentralisation économique est mise en place ainsi
qu’un système inter-régional de péréquation pour éviter les déséquilibres entre
régions « pauvres » et régions « riches ».
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